C'est un engrenage - Le blog de nicoducaire

Henri Guirchoun,
rédacteur en chef adjoint
du service étranger
au Nouvel observateur

Comment se fait-il que le ton soit monté si vite dans la région ? Comment expliquez-vous qu'en 24 heures on en soit arrivé à cette situation ?

- C'est un engrenage.
Aujourd'hui, le Sud-Liban est sous les obus. Le pays est coupé puisque l'axe nord-sud est impraticable depuis les bombardements des principaux ponts côté israélien. Toutes les localités du nord d'Israël sont en état d'alerte.
Mais tout n'est pas arrivé en un jour, cette escalade s'explique par un enchaînement d'événements, faits du hasard ou de stratégie élaborée, qui ont débuté le 25 juin dernier. A cette date, un commando palestinien a lancé une opération contre une position militaire israélienne au sud de Gaza. Bilan: décès de plusieurs soldats et enlèvement de l'un d'entre eux. Or, c'est au moment où les Palestiniens sont en pleine discussions sur la question du document proposé par leurs prisonniers. Le président Mahmoud Abbas brandit une menace de référendum. Et, deux jours après cette attaque, le texte est signé.
Le lendemain, 28 juin, Israël lance l'opération "Pluie d'été", avec bombardements de Gaza et pénétration des forces terrestres au nord et au sud de la bande.
En trois jours, tout a changé.

Deux semaines après, c'est le Hezbollah qui s'en prend au nord d'Israël. Encore une fois, est-ce une concomitance hasardeuse ou une véritable stratégie?
Toujours est-il que, désormais, Israël doit mener une guerre sur deux fronts. Un cauchemar pour les stratèges. Le pays doit en effet revenir au Liban qu'il avait quitté en mai 2000, ainsi qu'à Gaza, alors qu'il était engagé dans un processus de retrait unilatéral, qu'il devait même étendre à une partie de la Cisjordanie. N'est-ce pas la preuve éclatante d'une erreur voire d'un échec stratégique ?

http://permanent.nouvelobs.com/etranger/20060713.OBS5072.html