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nicoducaire

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Cultures et societes en Egypte et dans le monde arabe - Arab and Egyptian cultures and societies


Journée sanglante dans les rues de Conakry

Publié par nico sur 23 Janvier 2007, 19:39pm

Catégories : #Afrique

Promis, une revue de presse plus détaillée arrive (merci sc po!).... En attendant, juste histoire de se faire une idée de l'ambiance, un article de Jeune Afrique:

GUINÉE - 22 janvier 2007 - AFP
"On est prêts à mourir pour le changement !". Le slogan lancé par les manifestants armés de pierres qui ont défié lundi les balles de la police dans les rues de Conakry est devenu une tragique réalité : en quelques heures 13 sont morts, et des dizaines ont été blessés.

Dans le reste du pays, quatre autres protestataires ont été tués au 13 ème jour d'un mouvement de contestation qui exige le départ du président Lansana Conté, depuis 23 ans au pouvoir, et accusé de mauvaise gestion par les syndicats et l'opposition.

La banlieue de la capitale guinéenne s'est embrasée lundi, journée la plus meurtrière d'une grève générale lancée le 10 janvier pour dénoncer la crise sociale, la corruption et les pressions du chef de l'Etat sur la justice.

"On en a marre de ce pays!", "On est prêt à mourir pour le changement!", scandaient de jeunes manifestants dans la matinée dans la commune de Lambanyi à la périphérie de Conakry. "Le gouvernement ne nous dirige même pas, ils ont +bouffé+ tout notre argent et nous, on n'a ni l'électricité ni l'eau courante", proteste Moussa Sylla, un lycéen 17 ans.

Moussa et quelque 200 jeunes gens, massés dans une rue, ont érigé des barricades de fortune, et se protègent derrière des amas de morceaux de bois, de panneaux de signalisation et cinq pneus enflammés.

"A bas la dictature! Conté est malade, on ne veut plus de lui", crie Condé Fodé Issiaga, un étudiant en Lettres de 27 ans.

Armés de pierres, ils sont bien décidés à en découdre avec les forces de l'ordre. Face à eux, à quelques dizaines de mètres, une vingtaine d'hommes des brigades anti-émeutes postés à un carrefour sur le boulevard Le Prince, qui relie le centre-ville à la banlieue de la presqu'île du Kaloum.

Au signal de leur commandant, les policiers casqués se tassent à l'arrière d'un pick-up, qui démarre en trombe et fonce vers la barricade.

Une forte détonation retentit: La première grenade assourdissante explose devant les manifestants. Les policiers sautent du pick-up sous une volée de pierres et commencent à tirer en l'air au pistolet et au fusil d'assaut. Les manifestants reculent, mais continuent à répliquer à coups de projectiles.

Soudain, un policier tire à hauteur d'homme, suivi par un autre. En face, c'est la débandade. La rue est désertée en cinq secondes, à l'exception d'un jeune de 20 ans, touché à l'abdomen et étendu sur le goudron.

Les policiers repartent et quelques jeunes viennent s'enquérir de l'état de leur camarade, qui, après quelques minutes d'agonie, succombe à sa blessure.

"Ils l'ont tué. Ces gars-là, c'est des tueurs, des bandits, vous voyez ce qu'ils font à la population?", lance son ami Tidiane Ba, qui boîte et semble oublier qu'il a également été touché par une balle à la fesse.

La plupart des morts et des blessés dans les affrontements de la banlieue de Conakry sont envoyés dans les centres de santé de quartier, qui réquisitionnent des ambulances pour transférer les cas les plus graves à l'hôpital de Donka, non loin du centre-ville.

"On nous a amené 13 morts et une trentaine de blessés par balles depuis ce matin", rapporte le chirurgien Diallo, de l'hôpital de Donka.

"Je ne peux pas tous les soigner, on n'a pas les équipements nécessaires. J'ai même été obligé d'aller chercher des gants dans une autre clinique. Regardez, on est obliger de les mettre par terre", s'emporte-t-il.

Dans la salle des urgences, cinq lits sont occupés et au moins huit blessés sont allongés sur des pagnes étendus sur le carrelage.

"C'est pire que la dictature! Qu'es-ce que ça veut dire de tirer sur les gens comme ça!", s'emporte Mamadou Sylla, 35 ans.

"Je suis caché ici depuis ce matin et j'en ai marre de voir des corps arriver. Il faut que ça change!", crie-t-il sous les vivats d'un groupe de jeunes réfugiés dans l'enceinte de l'hôpital.

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