Toujours dans cette oscillation permanente revolution/ contre-revolution, je me balladais hier en centre-ville du Caire... Place Tahrir, la police est partie, je trouve ca chouette, les egyptien-nes se reapproprient la place, se posent dans l'herbe au milieu, la ou il y a encore peu des tentes se dressaient, et meme, je tombe, devant l'enorme batiment de la Mugamma qui borde la rue d'un cote, un groupe de jeunes qui fait du hip-hop!! bon, on voit que ca fait pas 20 ans que le hip-hop a debarque en egypte, mais ca m'a quand meme fait plaisir de voir ca!!!
Par contre, en remontant la rue Talat Harb, je croise un rassemblement. Je m'arrete, regarde de l'autre cote de la rue, et la, une scene incroyable: des dizaines de policiers, forces anti-emeutes, et meme militaires! nettoient la rue de tout ce qui depasse, remplacant la fameuse 'balladeya' qui avait disparu. Cette police, reconnaissable a ses voitures et uniformes bleus, avaient l'habitude, avant la revolution, de patrouiller dans les rues des differentes villes du pays pour apprehender les vendeurs a la sauvette, les etalages qui depassent sur les trottoirs, les terrasses de cafe qui s'etendent un peu trop... Depuis la revolution, cette police avait disparu, et les trottoirs du caire etait encombres d'une multitude de marchandises en tout genre, de vendeurs de thes, etc... Mais hier soir, c'est une veritable operation militaire qui s'est deployee rue Talat Harb: en plus des plusieurs escadrons de forces de l'ordre presents, des camions suivaient pour embarquer le materiel 'illicite'! Notamment, le celebre cafe Akhwat el-Bostan, que certain-es connaissent sous le nom de 'cafe pauvre' pour sa proximite avec le 'cafe riche', un de mes cafes preferes au caire, dans son petit couloir etroit qui donne sur Talat Harb, s'est fait litteralement demenager: les flics ont embarque manu militari chaises, tables, chichas, et evacue les personnes qui etaient la!! Une situation completement ahurissante!!
Puis, les differents escadrons ont, en bon ordre, d'abord les grades tout rutilants derriere leurs insignes dorees, puis la police militaire, suivie de la police 'normale' et de la police anti-emeutes, descendu la rue Talat Harb jusqu'a arriver place Tahrir, ou elles sont restees un moment. Aux interpellations des personnes presentes, elles ont repondu qu'elles etaient la pour 'eviter des rassemblements'. Avec le renforcement de l'Etat d'urgence, il faut croire que les rassemblements sont a nouveau devenus illegaux en Egypte...
Le pouvoir militaire en place semble donc envoyer un signal clair: il verrouille le pays, retablit peu a peu toutes les forces de police dans leurs fonctions, en les accompagnant de militaires armes, et ne tolerera aucun debordement du cadre impose... Dire que certain-es pensaient qu'apres la revolution, un vent de liberte soufflerait sur le pays...
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