LEMONDE.FR avec AFP | 28.12.08 | 18h04
De Sanaa à Damas, les manifestations se multiplient dans le monde arabe contre les raids menés par Israël dans la bande de Gaza, tandis que les dirigeants de la région, profondément divisés, se concentrent pour le moment sur l'envoi d'aide humanitaire.
Lors de ces manifestations, des critiques ont fusé à l'encontre de certains pays arabes, en particulier de l'Egypte, accusée de "complicité" avec l'Etat hébreu. Dans les camps de réfugiés palestiniens au Liban, le président égyptien Hosni Moubarak a été qualifié de "traître", tandis que l'ambassade d'Egypte à Beyrouth était dimanche la cible de pierres lancées par des centaines de manifestants, entraînant l'intervention des forces de l'ordre libanaises. Le Hamas lui-même, par la voix de son porte-parole, a estimé que les raids israéliens étaient "un complot orchestré" avec l'Egypte après la rencontre, jeudi, entre M. Moubarak et la ministre des affaires étrangères israélienne Tzipi Livni.
Dimanche, plus de 50 000 personnes ont manifesté dans une dizaine de villes d'Egypte, alors que plusieurs dizaines de milliers de Yéménites défilaient à Sanaa. Dans le centre de Damas, des milliers de Syriens ont protesté contre "l'agression israélienne" et le "silence" des pays arabes, alors que des centaines de Palestiniens manifestaient dans l'enceinte de leur consulat à Dubaï. Dans le nord de l'Irak, un Irakien a été tué et seize ont été blessés dans un attentat suicide au vélo piégé à Mossoul, lors d'une manifestation.
Des manifestations ont également eu lieu en Cisjordanie. Dans plusiers villes du territoire, des heurts ont éclaté et un manifestant palestinien a été tué par des tirs israéliens.
AIDE HUMANITAIRE
Les dirigeants arabes, eux, n'ont toujours pas officiellement arrêté la date d'un sommet de la Ligue arabe proposé par la Syrie et le Qatar. De source diplomatique, on affirmait samedi qu'il aurait lieu vendredi prochain à Doha.
Le numéro un libyen Mouammar Kadhafi a fustigé les réactions "lâches et défaitistes" des pays de la région face à l'offensive israélienne, et annoncé
d'emblée qu'il n'assisterait pas à un "sommet qui fait jouer un disque rayé depuis longtemps".
Si les dirigeants arabes sont divisés concernant le Hamas, c'est en raison des tensions persistantes entre les pays dits "modérés", comme l'Arabie saoudite et l'Egypte, soutenus par les Etats-Unis, et les pays qui prônent la "résistance" contre Israël, notamment la Syrie et son principal allié non arabe, l'Iran.
Pour l'heure, les gouvernements se pressent pour offrir des aides humanitaires : deux avions qataris transportant 50 tonnes de matériel médical étaient attendus à l'aéroport égyptien d'Al-Arish, à 40 km de Rafah, tandis le roi Abdallah d'Arabie saoudite a également décidé d'envoyer trois avions d'aide et proposé d'évacuer les blessés par avion.
Plus d'un millier de personnes ont manifesté dimanche à Paris, au cours de deux rassemblements distincts, pour protester contre les raids israéliens. La plus importante, qui a réuni quelque 1 300 personnes selon la police, s'est déroulée à Barbès, dans le 18e arrondissement. Brandissant des drapeaux palestiniens, les manifestants portaient des banderoles sur lesquelles on pouvait lire notamment : "Stop au massacre des innocents". Un drapeau américain a été brûlé au cours du rassemblement, organisé à l'appel de plusieurs associations, dont EuroPalestine et l'Union générale des étudiants de Palestine.
Une autre manifestation a eu lieu place de l'Etoile, et a rassemblé entre 150 et 300 personnes, selon la police ou les organisateurs. "Nous sommes tous Palestiniens", "Shoah à Gaza", "Israël terroriste, Europe complice", scandaient notamment les manifestants, dont certains brandissaient le drapeau du Hezbollah libanais. – (avec AFP)
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