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Cultures et societes en Egypte et dans le monde arabe - Arab and Egyptian cultures and societies


Egypte: Retour sur la journée du 6 avril

Publié par nicoducaire sur 8 Avril 2009, 11:27am

Catégories : #Egypte


Comme beaucoup l'avaient prédit, le 6 avril 2009 n'aura pas vu de manifestations de colère dans les rues égyptiennes... La pression policière était là, ce qui fait dire à Georges Ishak (Kefaya) que cette journée aura au moins eu le mérite de faire peur au régime de Moubarak...

En résumé, un article de El-Ahram Hebdo:

Grève. L’appel lancé pour le 6 avril par des militants du Facebook et certains militants de l’opposition n’a pas été suivi. Reportage au Caire et à Mahalla.

Un jour sans surprises

Ce lundi 6 avril a été finalement un jour comme les autres. Dans les rues du Caire, il n’y a eu aucun signe de colère populaire ni de désobéissance civile comme l’espérait le Mouvement du 6 avril, un groupe de jeunes activistes formé en 2008 sur Internet et auteur de l’appel à la grève lancé sur le Facebook. Il avait appelé les Egyptiens à se vêtir de noir et à manifester ou à organiser des sit-in dans les universités et sur les lieux de travail pour protester contre les politiques gouvernementales et la détérioration du niveau de vie.

Ces activistes, relayés par certains militants du mouvement d’opposition Kéfaya, réclamaient la revalorisation des salaires et une refonte démocratique de la Constitution. Le groupe avait lancé un appel similaire l’année dernière à la même date qui avait conduit à des émeutes dans la ville industrielle de Mahalla, ayant fait 1 mort et des dizaines de blessés.

Cette année, il n’était pas question pour le gouvernement de laisser faire et de rééditer les événements de l’an dernier. Toutes les dispositions nécessaires ont été prises. Dans les rues du Caire, le dispositif de sécurité a été renforcé. Toutes les ruelles donnant accès au centre-ville ont été bloquées. Avant le jour J, la police a multiplié les arrestations des initiateurs de l’appel à la grève. 

A l’Université du Caire, lieu de déclenchement habituel de manifestations, la vie était on ne peut plus normale. Le comité de la jeunesse du PND (Parti au pouvoir) s’est mis à organiser des compétitions sportives au sein des universités. « Les membres du comité sont venus ici et ont organisé des activités pour les étudiants. Ils  proposaient aussi aux plus pauvres des services comme l’achat d’ordinateurs à bas prix et à crédit », affirme Naglaa, étudiante à la faculté de commerce. Tout a donc été mis en place pour désamorcer d’éventuels troubles. Les activités initiées par le PND n’ont qu’un seul objectif : disperser l’attention des jeunes et ne pas les laisser dans les rues.

Devant la faculté de commerce, mis à part quelques affiches accrochées sur les arbres appelant les étudiants à se mobiliser, rien n’indique qu’une grève devait avoir lieu. A l’intérieur, un match de football se déroule entre deux équipes de l’université sous le regard attentif des policiers en civil qui sont visibles dans le campus.

A quelques distances de l’université, place Tahrir au centre-ville, la scène est identique. Le calme est toujours de mise. Les policiers, dispatchés un peu partout, apprennent soudain que des activistes ont décidé d’organiser une manifestation devant l’Union des ouvriers rue Al-Galaa. Une force s’y dirige illico presto sans attendre. Et en un clin d’œil, le bâtiment est bouclé et les portes sont fermées. « Aujourd’hui, c’est congé pour l’Union. Il faut bien que les employés se reposent un peu », lance ironiquement un policier avec un sourire moqueur et en s’efforçant d’être gentil avec les journalistes. Les activistes n’ont trouvé d’autre endroit pour manifester que le syndicat des Journalistes. Sur le perron, il y a plus de policiers que de manifestants. Ces derniers lancent des slogans hostiles au président Moubarak et à son fils Gamal. « Moubarak doit partir et ne pas placer à la présidence son fils Gamal qui n’a rien fait pour le peuple », lance Bahaa Saber, l’un des manifestants. « Notre grève est un pas en avant. La situation est misérable en Egypte et nous devons la changer. Si la police assiège Le Caire, c’est parce que le régime a peur de nous », ajoute-t-il sous le regard menaçant des policiers.

 

Le calme à Mahalla

A Mahalla, à une centaine de kilomètres du Caire, le spectacle continue. La ville avait été l’année dernière le théâtre d’affrontements sanglants entre manifestants et forces de l’ordre. Mais cette année, le 6 avril était un jour ordinaire. Dès le matin, les citoyens ont vaqué normalement à leurs occupations. Les élèves se sont rendus à leurs écoles, les étudiants aux universités, et même les ouvriers qui avaient dirigé la grève de 2008 étaient calmes. Le trafic est bien organisé. Tout comme au Caire, les autorités locales ont organisé des manifestations sportives et des concours dans les écoles et les universités avec des prix alléchants pour les gagnants. « Merci mon Dieu. Cette année est différente de l’année passée. Le nouveau gouverneur de Gharbiya a satisfait toutes nos revendications. Pourquoi donc faire la grève ? », lance Oum Ahmad, vendeuse.

Le mois passé, le gouverneur a soudainement décidé d’élire domicile à Mahalla. Tous les jours, il descend dans la rue à la rencontre des citoyens pour inspecter les projets et les travaux en cours. En effet, plusieurs projets de service ont été annoncés aux citoyens : un nouveau réseau de drainage sanitaire est en cours de réalisation, de même qu’un hôpital spécialisé dans le traitement des hépatites. « Les gens ici sont naïfs. Ils croient que le gouverneur fait ça pour leur bien. C’est uniquement parce qu’il veut être au milieu des gens, connaître leurs intentions et avorter la grève », lance un jeune sur un ton moqueur.

Certains sont conscients de la stratégie du gouvernement, mais ce qui importe ce sont les bénéfices réalisés. « Nous avons profité des conséquences de la grève de l’année dernière. Le gouvernorat a fait des efforts pour que  ça ne se répète pas », explique Hussein Al-Chennawi, un marchand de tissus. Et d’ajouter : « C’est une nouveauté pour nous de voir notre gouverneur se balader dans les ruelles de notre ville modeste deux fois par semaine. Au moins, les rues sont restées propres ».

Contrairement au Caire, les forces de sécurité se sont faites plus discrètes à Mahalla. Sur la place Al-Chawn d’où étaient parties les manifestations de l’année dernière, seul un véhicule de pompiers est visible. Les forces de l’ordre se cachent autour de l’organisme de sécurité à Mahalla, prêts à intervenir.

Malgré quelques incidents mineurs signalés par-ci ou par-là, le constat de cette journée du 6 avril est que l’appel à la grève n’a pas été suivi. Certes, il y a eu ces mesures gouvernementales, mais elles ne constituent pas la vraie raison. « La raison est que cet appel à la grève n’est pas parti d’une base populaire. Si en 2008 l’appel à la grève a eu des répercussions, c’est parce que les ouvriers se sont mobilisés pour réclamer une augmentation de leurs salaires, ce qui n’a pas été le cas cette année. En Egypte, il faut faire la différence entre les grèves lancées par des groupes ou des catégories professionnelles et celles lancées à l’appel de militants ou des forces politiques. Le premier type de grèves peut réussir car les revendications sociales constituent un véritable moteur qui fait bouger les classes sociales. Ceux-ci défendent leurs salaires et leur niveau économique. Quant au second type de grèves, il est voué à l’échec parce que les forces politiques initiatrices n’ont pas de popularité à la base », fait remarquer Amr Al-Choubaki, du Centre des Etudes Politiques et Stratégiques (CEPS) d’Al-Ahram. Et d’ajouter que le gouvernement a pu écarter le peuple de la vie politique. Quant à Georges Ishaq, membre du mouvement Kéfaya, il trouve que la grève a eu au moins le mérite d’inquiéter le gouvernement.

May Atta
Ola Hamdi


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T
Je me demandais justement ce qu'avait donné cet appel à la grève ! apparemment pas grand chose car très vite contrôlé.....et anticipé.... et qu'en pensent les Egyptiens  ? 
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