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nicoducaire

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Cultures et societes en Egypte et dans le monde arabe - Arab and Egyptian cultures and societies


L'armée israélienne "revient" à Rafah, dans la bande de Gaza

Publié par nico sur 19 Octobre 2006, 20:50pm

Catégories : #Monde Arabe

Un dernier petit article avant de partir en vacances... Ou ça? dans le Sinaï pourquoi?...  Bon baïram!!

"Dans la nuit du mardi 17 au mercredi 18 octobre, l'armée israélienne a encerclé le terminal de Rafah, seul point de sortie pour les Palestiniens à l'extrême sud-est de la bande de Gaza. Des forces ont pris position autour des bâtiments et barré l'unique route d'accès à l'aide d'un immense monticule de terre. A l'intérieur des locaux, soixante-dix hommes de la garde présidentielle palestinienne sont condamnés à attendre.

L'officier de permanence, le lieutenant Mohammed Anadjar, avoue ne pas connaître le but de cette opération. Il n'a eu aucun contact avec les Israéliens. "On est coincé dans les salles de départ et d'arrivée sans savoir combien de temps on va y rester, dit-il. On a entendu des coups de feu, des mouvements de troupes, des bruits de chars et de bulldozers mais, apparemment, il n'y a pas eu d'affrontements, seulement des arrestations."

Les quelques voitures qui se hasardent sur la route font demi-tour à la hauteur d'un panneau publicitaire vantant les mérites de l'ADSL, le haut débit. Un paradoxe à cette frontière qui n'a ouvert qu'à quelques reprises depuis l'enlèvement du caporal israélien Gilad Shalit, le 25 juin. Au loin, un bulldozer, dans un nuage de poussière, charrie des mètres cubes de terre. Sans doute pour constituer des abris.

Normalement, les Israéliens sont à trois kilomètres, à Kerem Shalom, et ne contrôlent plus la frontière avec l'Egypte, et notamment la route Philadelphie qui la longe au-delà du mur en béton qui sépare la bande de Gaza du Sinaï égyptien. Mais il y a une semaine, Tsahal a pénétré de nouveau dans ce secteur relativement calme depuis le désengagement de septembre 2005.

Deux militants du Hamas ont été tués, sans doute par des snipers. Les habitants de Brazil, nom du quartier de Rafah en bordure de la frontière, font état de bombardements. Un missile a détruit une maison et endommagé sérieusement plusieurs autres, vendredi. Derrière des monticules de gravats, des pièces éventrées exposent les vestiges d'habitations ruinées. Une dizaine de familles vivent dans les décombres et tentent de récupérer ce qui peut l'être.

Heureusement, il n'y a pas eu de victimes, car Tsahal a prévenu de l'imminence de la frappe. "Nous sommes revenus un an en arrière, souligne un habitant, à l'époque où l'on était sous le feu constant de l'ennemi. Les Apaches passent toutes les nuits et tirent." Il montre au creux de sa main des douilles de 30 mm. Au loin, on entend les rugissements du moteur d'un char. La route Philadelphie n'a pas été réinvestie, mais des préparatifs sont en cours.

Brazil a toujours été une zone sensible. L'armée israélienne a rasé des quartiers entiers pour créer un no man's land et édifié un mur pour empêcher les infiltrations. Depuis l'évacuation de la bande de Gaza, des brèches y ont été pratiquées, aujourd'hui rebouchées par des blocs de ciment qui laissent apercevoir la zone tampon située de l'autre côté, hérissée de miradors. Israël est convaincu que ce secteur est, encore plus qu'auparavant, le point de passage de la contrebande d'armes. Mercredi, les autorités militaires ont affirmé avoir découvert cinq tunnels. Les habitants s'attendent à revivre des moments difficiles puisque Amir Péretz, ministre de la défense, a déclaré, mercredi, qu'"Israël ferait tout pour stopper la contrebande d'armes".

Dans les rues de Khan Younès, les brigades des martyrs d'Al-Aqsa, proche du Fatah, paradent kalachnikov au poing. Il s'agit d'une nouvelle promotion baptisée en l'honneur d'Abou Mazen, nom de guerre du président Mahmoud Abbas. Le 12 octobre, une incursion de Tsahal dans la banlieue de Khan Younès a fait plusieurs morts. L'opération a duré trois jours. Les soldats ont bouclé tout un secteur, pris position dans certaines maisons et procédé à un ratissage systématique. Tous les hommes âgés de 15 à 50 ans ont été arrêtés, regroupés dans un trou creusé et emmenés pour vérification d'identité.

Plusieurs maisons ont été détruites. Du champ d'oliviers et de figuiers de barbarie de la famille Abou Dagga, il ne reste qu'un terrain labouré par les chars, des troncs d'arbres épars, des monticules de figuiers morts et des tuyaux d'arrosage tordus. Rokaya, la mère, recueille ce qu'il reste des olives. Un tracteur rassemble les branches mortes et un homme ramasse dans une charrette les éclats de bois au milieu des détritus laissés par les soldats israéliens. "Ils nous ont reproché de ne rien faire contre les terroristes, raconte Rokaya Abou Dagga, mais si eux ne peuvent pas les attraper, comment voulez-vous que nous, nous puissions le faire ?"

Michel Bôle-Richard
LE MONDE | 19.10.06 | 14h05

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