Des nouvelles militantes d'Egypte...
Aujourd’hui pour la première fois, je tente de m’introduire dans une ‘manif’ (un sit-in plus précisément) égyptienne. Le but était de défendre les droits des femmes, notamment pour protester contre les violences faites aux femmes et le harassement sexuel dont elles sont victimes. Le contexte : il ya une quinzaine de jours, lors de la fête de l’aïd (fin du ramadan), des femmes qui sortaient du cinéma se sont fait agressées par un groupe de jeunes, dévoilées, et ont subi des attouchements et du harcèlement sexuel. En réaction à cela s’est déroulée la semaine dernière une première manifestation au siège du syndicat des journalistes, à laquelle environ 200 personnes ont assisté, et qui s’est déroulée dans le calme (fait relativement rare en Egypte). Dans la continuation, un sit-in était organisé aujourd’hui devant le cinéma où les faits se sont déroulés. En arrivant sur les lieux, surprise : des centaines de policiers, en civil ou en uniformes, empêchaient les gens de se réunir, ou même de s’arrêter devant le cinéma. Après avoir fait le tour du pâté de maisons pour essayer de revenir vers le lieu du rassemblement, on apprend que finalement celui-ci a lieu dans un café du coin. Autre surprise : les policiers font désormais rempart de leurs corps, impossible donc de rentrer ou sortir du café. Certains réussirent quand même à entrer par les fenêtres. C’est à ce moment qu’une première arrestation a eu lieu. En colère, à juste titre, et énervée par l’arrestation de son ami, une jeune femme, intégralement voilée, s’en prend alors aux policiers. Alors que nous l’entraînons un peu plus loin, elle est violemment attrapée par les policiers, qui la battent, la font tomber par terre, et finissent finalement par l’emporter dans un fourgon rempli de policiers. On ne sait pas encore trop ce qui lui est arrivé (rappelons qu’elle était là pour protester contre les violences faites aux femmes !!). Nous n’avons rien pu faire, nous étions cinq contre plusieurs dizaines de policiers qui nous repoussaient afin que nous ne puissions assister à toute la scène. Après encore quelques détours et ‘conversations’ animées avec des policiers, nous nous réunissons finalement devant le syndicat des journalistes. Ici, on peut enfin échanger ce que l’on a ressenti, partager des informations (au total, trois personnes ont été arrêtées, deux femmes et un journaliste). Au bout d’un certain temps, les CRS commencent à envahir la place. Le rassemblement se dissout alors, sur ces paroles de la responsable de la manifestation : « encore un échec ! on recommencera une prochaine fois… ». Quand on voit la difficulté ne serait ce que de faire reconnaître le droit des femmes, on comprend mieux pourquoi les autres mouvements sociaux trouvent si peu d’échos dans la population (les étudiants sont également en grève depuis une semaine, ainsi que les syndicats ouvriers, mais entre la censure et la répression, personne n’est au courant et la vie continue comme si de rien n’était…).
Commenter cet article